Savoir parler "cash" comme Fadela Amara, la secrétaire d'Etat à la ville. Ne pas être déstabilisé par un "portenawaque", résister à un gentil "coup de pression", ne pas pleurer parce qu'on vous traite de "bouffon". Dix jeunes d'un quartier d'Evry, soutenus par l'association Permis de vivre la ville, ont rédigé un Lexik des cités (Fleuve Noir, 19,90 euros, 365 p., disponible le 4 octobre) qui décortique les tripatouillages de la langue dans les cités populaires.
Du verlan "classique" (meuf, keuf, etc.) aux emprunts au vieil argot français, à l'arabe ou au tzigane, ils ont recensé et analysé, pendant trois ans, les expressions du "parler caillera (racaille)". Leur travail rejoint celui commencé dès 2000 par Abdelkarim Tengour, un informaticien de 39 ans, passionné par l'écriture, qui a constitué, sur Internet (dictionnairedelazone.fr), une base de données gratuite, de plus de 1 500 mots.
De ces recherches parallèles, il ressort un lexique passionnant. Et utile tant la langue des cités déborde les halls d'immeuble des zones dites "sensibles" et irrigue les cours de récréation, les blogs et les radios de jeunes. Voici, en une vingtaine de termes enrichis par des exemples, l'essentiel du vocabulaire pour ne pas passer pour un "cave" (vieil argot français repris dans les cités pour désigner une personne dupe).
Alcatraz. En référence à la prison, "être Alcatraz" signifie être privé de sortie par ses parents.
Bédave. Fumer un joint.
Bicrave. Vendre, dealer. Le rappeur Booba reprend ces deux termes : "Nique nique sa mère/J'suis au quartier bah ouais rien à faire gros/Ça bicrave, ça bédave, ça galère" (Autopsie vol. 2). La plupart des mots avec une terminaison en "-ave" sont d'origine tzigane. Comme marave (se battre) ou chourave (voler), par exemple. "Je me suis fait griller en flag pendant que je chouravais des carcasses à Rungis", glisse un des héros de Chiens de la casse, le roman de Mouss Benia (Hachette Littératures).
Boîte de six. Désigne un fourgon policier avec six hommes à bord. Dans certains cas, on parle de "nuggets" pour désigner des "poulets rangés en boîte". Le vocabulaire pour les policiers est parmi les plus riches, dont le plus connu est "keufs" : "Il s'est fait pécho par les keufs et est parti en GAV (garde à vue)."
Bolos. Un terme relativement récent pour désigner une victime (proche de "bouffon"). "Au moment où on a choisi les mots, bolos n'était pas encore apparu. Mais on l'a vu se développer très rapidement", explique Cédric Nagau, un des auteurs du Lexik. Les termes peuvent ainsi émerger dans un quartier, passer du 9-3 au 9-1 puis disparaître subitement. "C'est le téléphone arabe - puis sénégalais, marocain, français...", rigole Cédric Nagau.
Bouillave. Faire l'amour.
Carotte. De "carotter" quelque chose, signifie se faire arnaquer. Mais le verbe n'est pas conjugué (sauf à être ridicule) : "Il s'est fait carotte son sac."
Cash. Directement, franchement
Coup de pression. "Mettre un CP" signifie intimider quelqu'un.
Crevard. Désigne une personne toujours en train de réclamer quelque chose.
Daron, daronne. Devenus des classiques pour désigner le père et la mère. Ce terme correspond à du vieil argot français désignant les maîtres.
Hagra. Repris de l'arabe, signifie faire des misères. "Quand tu commence a t'en sortir y'a tjrs les rageux (jaloux) qui vienne te faire la hagra", s'indigne ainsi Zenen sur le site lehiphop.com. Se prononce en aspirant le "h" et en roulant le "r".
Keuss. Verlan de sac. Représentait à l'origine 1 000 anciens francs avant que l'euro ne bouscule les conversions. Par extension, une cité comme les "3 000" à Aulnay-sous-Bois se présente comme les "3-keuss".
Meskine. Désigne un pauvre type. Ce terme, très courant, est d'origine arabe.
Mytho. Un menteur ou un mensonge. "Kader il a clamsé pour quoi ? Juste parce qu'un keum (mec) qui se prenait pour l'inspecteur Harry l'a fumé sans le faire exprès. C'est ce qu'ils ont dit les mecs de la BAC. Et puis ils ont aussi parlé d'un "incident regrettable". Ça éponge pas les larmes de la mère ces mitos-là", assène le héros de Cités à comparaître, le roman de Karim Amellal (Stock).
Poucave. Une balance, un informateur. "Alors t'as chaud, c'est cramé/Tout le monde sait que t'as balancé/T'oses même plus te balader dans le quartier, t'es grillé, fiché, poucave", chante Mafia K1fry (La Cerise sur le ghetto).
Rebeu, Renoi, Babtou. Verlan pour arabe, noir, blanc (toubab). Les couleurs de la peau ne constituent pas des tabous dans les quartiers où les "personnes issues de l'immigration", comme disent les sociologues prudents, sont nombreuses. "Il n'y a pas de politiquement correct comme dans le reste de la société", souligne Marcela Pérez, à l'origine du Lexik.
Se taper des barres. Rigoler.
Vénere. Verlan d'énerver. Un classique construit comme des dizaines d'autres ("meuf" pour femme, "portenawaque" pour n'importe quoi, etc.). L'invention du verlan s'effectue par inversion des syllabes (métathèse syllabique, en langage châtié) puis en cherchant une sonorité agréable. "On essaye de prendre les mots à l'envers. Mais si la sonorité ne passe pas bien, on la modifie", détaille Alhassane Sarré, un des auteurs du Lexik.
vendredi 28 septembre 2007
jeudi 13 septembre 2007
dimanche 9 septembre 2007
La Maison des Babayagas, from Corinne
Elles sont trois amies : Thérèse, 80 ans, Suzanne, 76 ans et Monique, 75 ans, et habitent à Montreuil, en région parisienne. Cela fait plusieurs mois que je tente de les joindre. Seule Suzanne a pu me répondre, Monique et Thérèse étant surbookées. Et oui, plus on avance en âge, moins on a le temps…
Leur projet a déjà été cité à plusieurs reprises dans la presse, mais je trouve leur idée tellement géniale que je ne peux m’empêcher de la relayer ici. De quoi s’agit-il ? Et bien, ces trois militantes féministes ont décidé de monter une maison de retraite « Les Babayagas », autogérée par une communauté de mamies. En clair, des retraitées seules (célibataires, divorcées, veuves) et plutôt en bonne forme intellectuelle et physique, pourront habiter dans des petits studios locatifs, partager des lieux collectifs (cafétéria, cantine, laverie…), contribuer ensemble à la bonne marche de la résidence, s'entraider. Si elles le souhaitent, elles pourront aussi s’impliquer dans la vie sociale en animant des cours de soutien scolaire ou d’alphabétisation. Bref, elles seront tout à la fois autonomes, solidaires et citoyennes.
Le concept a mis dix ans avant de trouver un écho favorable auprès des pouvoirs publics. Et comme me l’a signalée Monique, « si le projet architectural est totalement élaboré et le terrain enfin attribué par la ville de Montreuil depuis février dernier, les cofinancements restent très difficiles à trouver pour une structure qui ne répond à aucune disposition juridique actuelle. » Et pour cause : une résidence sans hiérarchie, avec des femmes qui veulent prendre en charge leur propre vieillesse. Quelle révolution ! Et les hommes, me direz-vous ? Ils pourront venir rendre visite à ces dames, mais c'est tout. Et puis n'oublions pas que nous sommes plus nombreuses à leur survivre... Alors, entre vieillir seule chez soi ou dans une maison de retraite traditionnelle, je trouve l'alternative des "Babayagas" vraiment séduisante. Et vous ?
La Maison des Babayagas (la photo est tirée du site qui ne fonctionne pas pour le moment)
lesbabayagas@club-internet.fr
EDIT du 19 août : je rajoute un lien vers un forum qui n'est plus tenu à jour mais qui permet de découvrir "La saga des Babayagas", un vrai parcours du combattant... EDIT du 23 août : deux Babayagas, Thérèse (l'initiatrice du projet) et Nicole, ont tenu à apporter quelques précisions suite à vos questions et remarques (commentaires n°41, 45 et 50). Encore merci à toutes les deux pour leur passage sur ce blog.
5 psychological experiments that changed our world
Here are the top 5 experiements that changed the way we think. Some are better known than others, some were quietly published in academic journals and their importance has only become clearer with time.
1- Arden House - Ellen Langer and Judith Rodin, 1976
On one floor of a care home for the elderly, residents were given choices about how to arrange their furniture, what films to watch and how to care for a plant they picked out. A second floor of residents were given no choices or responsibilities. Other than these differences, they shared the same quality of life, but 18 months later twice as many of the second group had died. Giving people a tiny degree of control over their lives had kept them healthier. This is less well-known than the other studies here, but it should be compulsory reading for anyone running a home or caring for older adults. Small changes can make a difference. (See Babayagas)
2 - Obedience to authority - Stanley Milgram, 1974
Volunteers were asked to give electric shocks to another supposed volunteer (really an actor) as punishment, in what they thought was a memory test. 65% of the people administered shocks that would have been fatal despite hearing cries of pain, simply because a man in a white coat told them to. This shows us where blind obedience can lead - and how unusual it is to question authority. Reassuringly, just hearing about this experiment makes people more likely to challenge what they're told.
3 - The nun study - Deborah Danner, 2001
This showed that our attitude to life can influence how long we live, and it was all done using one-page personal statements written by novice nuns in the 1930s. The nuns who used the greatest number of hopeful phrases in these statements lived on average 9.6 years longer than the least hopeful nuns. This is roughly the difference in life expectancy between a non-smoker and someone who smokes 20 a day.
4 - Stanford Prison experiment - Philip Zimbardo, 1971
Probably one of the best known studies ever conducted in psychology. A fake prison was created in the basement of Stanford University, and students were randomly assigned to the job of guard or prisoner. After just 6 days, the guards were treating the prisoners so cruelly that the experiment had to be stopped. Zimbardo's conclusion, that in certain situations, even good people can do dreadful things, continues to resonate.
5 - The pseudo-patient study - David Rosenhan, 1972
A psychologist and 8 of his friends were given psychiatric diagnoses and admitted to hospital, when in fact they had simply turned up at different hospitals claiming to hear a voice in their head saying "thud". The most fascinating aspect of this study is the way staff perceptions changed the moment these people were classified as 'mentally ill'. They only had to take notes for the staff to deem it "writing behaviour". There is such power in the label "madness" and plenty of evidence, 35 years after this study, that mental illness is still stigmatised.
Claudia Hammond in Psychologies
1- Arden House - Ellen Langer and Judith Rodin, 1976
On one floor of a care home for the elderly, residents were given choices about how to arrange their furniture, what films to watch and how to care for a plant they picked out. A second floor of residents were given no choices or responsibilities. Other than these differences, they shared the same quality of life, but 18 months later twice as many of the second group had died. Giving people a tiny degree of control over their lives had kept them healthier. This is less well-known than the other studies here, but it should be compulsory reading for anyone running a home or caring for older adults. Small changes can make a difference. (See Babayagas)
2 - Obedience to authority - Stanley Milgram, 1974
Volunteers were asked to give electric shocks to another supposed volunteer (really an actor) as punishment, in what they thought was a memory test. 65% of the people administered shocks that would have been fatal despite hearing cries of pain, simply because a man in a white coat told them to. This shows us where blind obedience can lead - and how unusual it is to question authority. Reassuringly, just hearing about this experiment makes people more likely to challenge what they're told.
3 - The nun study - Deborah Danner, 2001
This showed that our attitude to life can influence how long we live, and it was all done using one-page personal statements written by novice nuns in the 1930s. The nuns who used the greatest number of hopeful phrases in these statements lived on average 9.6 years longer than the least hopeful nuns. This is roughly the difference in life expectancy between a non-smoker and someone who smokes 20 a day.
4 - Stanford Prison experiment - Philip Zimbardo, 1971
Probably one of the best known studies ever conducted in psychology. A fake prison was created in the basement of Stanford University, and students were randomly assigned to the job of guard or prisoner. After just 6 days, the guards were treating the prisoners so cruelly that the experiment had to be stopped. Zimbardo's conclusion, that in certain situations, even good people can do dreadful things, continues to resonate.
5 - The pseudo-patient study - David Rosenhan, 1972
A psychologist and 8 of his friends were given psychiatric diagnoses and admitted to hospital, when in fact they had simply turned up at different hospitals claiming to hear a voice in their head saying "thud". The most fascinating aspect of this study is the way staff perceptions changed the moment these people were classified as 'mentally ill'. They only had to take notes for the staff to deem it "writing behaviour". There is such power in the label "madness" and plenty of evidence, 35 years after this study, that mental illness is still stigmatised.
Claudia Hammond in Psychologies
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